HISTOIRE

La Mothe Saint-Héray, petit bourg surprenant en sud Deux-Sèvres

Au début était… un lac! Au fond du lit de la Sèvre niortaise, le lac Vauclair occupait l’espace de l’actuel bourg. Ce lac a disparu progressivement, jusqu’au Ve siècle.

La cité résulte de la réunification de deux bourgs au début du XVe siècle : la Mothe, le moins ancien, motte médiévale érigée pour lutter contre les Normands qui allèrent jusqu’à Melle, et Saint-Héray (auparavant « Sensiac ») datant du regroupement au VIe siècle de familles d’agriculteurs autour d’Arédius qui a donné son nom au bourg. C’était le petit-neveu de Clovis qui avait acquis là une maison de campagne.

Deux cents  mètres plus bas se trouve le Moulin du Pont l’Abbé, plus communément appelé Moulin l’Abbé. La présence d’un moulin est attestée depuis le XI ème siècle, propriété de Jean de Torsay, unificateur des terres mothaises. Au XVIII ème siècle, il a deux meules : une pour les farines blanches et l’autre pour les farines de mélange. En 1920, le propriétaire de l’époque, Ludovic Gelin,  l’aménage en minoterie ; elle fonctionnera jusqu’en 1959. Acquis par la ville en 1988, le moulin restauré par des bénévoles reprend vie, et ses locaux abritent aujourd’hui le Syndicat d’Initiative, la bibliothèque et une salle des jeunes. La partie moulin a été transformée en musée.

A Sensiac il avait fait construire un oratoire qui, du fait de la notoriété d’Aredius, était vite devenu trop petit ; de plus, les crues de la Sèvre avaient amené la population à envisager la construction d’un sanctuaire plus grand, l’actuelle église du bourg, érigée en 1498, ex nihilo ce qui n’est pas très courant. Bien que construite à l’époque gothique (ce qui est rare dans la région) , elle comporte des contreforts d’angle et sa façade est très sobre. A l’intérieur, on note aux clefs de voûte les armoiries de familles de seigneurs mothais ayant contribué à son édification. Elle a trois nefs d’égale hauteur ce qui la rend lumineuse. A droite de l’entrée, la plate tombe des entrailles d’Henri de Baudéan. Cet édifice est classé, mis à part le clocher qui date du début du XXe siècle.

Pour revenir vers l’église, on empruntera l’allée du Parc, reste de la promenade d’agrément des châtelains. A mi-chemin, on notera une grotte avec une scène et un terre-plein. Ces aménagements ont été réalisés à la fin du XIXe siècle pour servir de cadre au Théâtre Populaire Poitevin, théâtre de plein air créé par un descendant homonyme de Pierre Corneille pour servir de cadre aux pièces de sa composition. Les représentations étaient données dans le cadre des Fêtes des Rosières, le premier week – end de Septembre. Cette fête, la seule subsistant en France qui soit un véritable mariage civil puis religieux, est l’occasion tous les ans de mettre à l’honneur une jeune fille méritante en lui donnant une dot.
D’autres découvertes peuvent être faites au fil des rues de ce petit bourg agréable : il suffit souvent de lever la tête…
Le Syndicat d’Initiative peut, à la demande, organiser des visites.

Du château, il ne reste rien : le donjon en bois avait été remplacé par un magnifique château en pierre, doté d’ouvertures quand les menaces d’invasions dont il a été question plus haut s’étaient éloignées. Une puissante enceinte de pierre l’entourait : elle a disparu au XIXe siècle. C’est à cette époque, en 1842 exactement, que le château a été vendu par son propriétaire, pierre par pierre !
Il n’en reste rien mais on peut cependant voir au Musée d’Agesci de Niort des boiseries sauvées de la chapelle du château. Elles sont peintes et représentent des scènes bibliques.

Autour du Moulin l’Abbé a été aménagé un jardin botanique traversé par la Sèvre.
Pour rejoindre l’Orangerie, située à La Mothe donc à l’autre bout du bourg,  on peut emprunter le « chemin des jardins secrets » qui borde également la Sèvre et représente une promenade rafraîchissante et champêtre. Cet élégant bâtiment (de style « tricolore » avec le blanc de la pierre, le rose de la brique et le gris de l’ardoise) date de 1640 et est l’œuvre de Nicolas Tillon, maître-maçon de Richelieu qui a aussi construit les 2 pavillons, aujourd’hui de nouveau reliés à l’Orangerie par 2 galeries en bois. Le premier étage de l’Orangerie servait de salle de réception et le Prince Murat, beau-frère de Napoléon, y a donné un bal en 1805 ; c’était sa fête d’adieu avant de rejoindre Naples où son beau-frère l’avait envoyé.
C’est la partie basse qui a donné son nom à l’ensemble ; elle abrite de nouveau pendant l’hiver les orangers, citronniers et autres arbustes craignant le gel.
Un très important programme de réhabilitation a permis récemment de redonner une partie de l’aspect qu’avait l’ensemble au XVIIe siècle : ainsi ont été recréés les jardins à la française et recreusé le grand canal sur lequel se donnaient du temps des seigneurs mothais des fêtes somptueuses.

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